Les oubliés : familles et communauté
La majorité des internés étaient des hommes avec une famille à charge dont ils représentaient la seule source de revenus. Les biens de la plupart des internés étaient saisis par le Bureau du séquestre des biens ennemis et les comptes en banque gelés. Les épouses, ou d’autres membres de la famille, devaient déposer une demande auprès du gouvernement pour accéder aux fonds. Dans ces conditions, les femmes faisaient de leur mieux pour joindre les deux bouts : elles travaillaient commes couturières, offraient des services de lessive et de ménage, et prenaient des pensionnaires. En l’absence de leur mari, elles géraient aussi l’entreprise familiale sous la supervision du gouvernement.
Les familles ont dû s’adapter au traumatisme de voir leur conjoint ou parent arrêté par la police avec peu, voire pas d’explication du tout. Dans certains cas, les familles ne savaient rien de la situation de leur proche pendant plusieurs semaines. Les nouvelles de l’internement n’arrivaient que lorsque les internés envoyaient des lettres depuis le camp.
Les familles tentaient activement de faire libérer leur proche en contactant des avocats, prêtres et députés locaux. Cependant, certaines personnes tentaient de tirer profit de la souffrance des familles d’internés. À Guelph par exemple, quelqu’un a demandé une large somme au père d’un interné pour faire libérer ce dernier. Des tels épisodes se sont aussi produits à Windsor et Montréal.